vendredi 14 mai 2010

Point sur l'état de la Banquise

La débâcle s'étant largement entamée dans l'Océan Arctique, il est temps de faire le point sur l'évolution de la couverture de glace dans les régions.

Au nord, la couverture de glace affiche un déficit modéré, mais en forte hausse depuis le début de la débâcle. A la fin de l'hiver, le déficit s'était presque totalement résorbé, grâce à un hiver plutôt frais au nord du cercle polaire (excepté à l'est du Canada). La surface de mer recouverte par la banquise n'a cependant plus affiché d'excédent prononcé depuis 2003, preuve irréfutable d'un net réchauffement dans la région.


Sur le graphique ci-dessus, nous pouvons remarquer que le déficit hivernal est en général moins marqué que l'estival.
C'est en fait une conséquence de l'amincissement et du rajeunissement de la banquise au pôle nord. La récurrence d'étés doux amincit la couche de glace estivale au Pôle Nord. La banquise devient alors plus fragile face aux températures positives en été et perd de sa surface estivale. De plus, l'affaiblissement du pack favorise les mouvements entre les plaques de glace. La banquise qui résiste habituellement aux douceurs de l'été dérive alors vers des latitudes moins élevées et perd d'autant plus de surface et d'épaisseur. Il en résulte que les glaces estivales ne dépassent aujourd'hui que rarement 3 ans d'âge, alors qu'il y a une cinquantaine d'années, elles pouvaient persister plus de 6ans de suite sans fondre. L'épaisseur moyenne de cette "banquise éternelle" a également fortement baissé, mais je ne pourrais plus quantifier cette baisse avec certitude. Elle doit probablement être d'un mètre sur trois.
Ceci explique donc que la glace estivale présente une surface plus faible.

Maintenant, il s'agit d'expliquer pourquoi le pack hivernal affiche un déficit plus faible.
En hiver, des températures temporairement froides permettent facilement la formation de glace peu épaisse, donnant l'impression que le déficit se résorbe. Le pack estival a quant à lui besoin d'une épaisseur beaucoup plus importante pour résister à l'été et requiert des températures beaucoup plus froides.
Si l'on pouvait mettre sous graphique le déficit du volume total du pack, le diagramme nous révèlerait un courbe en constante baisse, ou presque. De telles données ne sont malheureusement pas encore disponibles sur le net.

Ci-dessous, une carte de la banquise et de sa concentration au 11 mai. Fait remarquable: la fonte de la banquise se laisse attendre en mer Baltique, contrairement aux années précédentes, où presque aucune banquise n'était observable en mer Baltique, même en plein hiver. Cette observation est à mettre en parallèle avec les températures très fraîches que nous connaissons depuis plusieurs mois en Europe.



Au sud, par contre, la situation est tout à fait différente. Le pack affiche en général un excédent, parfois marqué. A long terme (deuxième image), on peut même remarquer une nette hausse de cette anomalie. En Septembre 2007, le record absolu de surface couverte par la banquise était même battu, tandis que six mois plus tôt, c'était le contraire dans l'hémisphère Nord.
Le continent Antarctique est en fait le seul au monde à observer une baisse de sa température moyenne depuis une quinzaine d'années. Le phénomène n'est pas encore clairement expliqué, mais il devrait s'agir d'une anomalie de troposphère, faisant descendre son air froid vers les terres du continent blanc.




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