vendredi 26 mars 2010

Retour de la neige fin mars?

Plus d'un mois et demi après le dernier épisode neigeux, et à près d'un mois des derniers frimas de début mars, les prévisions de température repartent à la baisse, après plus de deux semaines plus qu'agréables. Nous vivons en effet dans une région tempérée où le soleil du printemps ne constitue pas encore une protection inébranlable contre les courants polaires.

Voici un petit aperçu des prévisions météorologiques pour la semaine prochaine.

Mardi 30 mars:

  • Prévisions GFS* (Pressions+Géopotentiel 500hPa-températures à 850hPa/Précipitations):






  • Prévisions ECM** (1h00/Pressions+Géopotentiel 500hPa-températures à 850hPa):


Mercredi 31 mars:

  • Prévisions GFS:







  • Prévsions ECM:


Jeudi 1 avril:

  • Prévisions GFS







  • Prévisions ECM:



Les deux modèles, européen et américain semblent à peu près d'accord à propos du refroidissement de la semaine prochaine, bien que le modèle ECM reste un peu plus tempéré que son homologue américain.
A partir de mardi dans la journée, de l'air polaire maritime envahirait la Belgique, comme toute l'europe occidentale. Associé à cette masse d'air, des précipitations convectives (averses peut-être orageuses) d'abord sous forme de pluie, puis de neige dans la nuit.
Selon GFS, nous nous réveillerions sous la neige mercredi, et jeudi (un 1 avril! Ce serait presque exceptionnel). Au vu des températures à 850 hPa, cette neige ne devrait pas tenir en journée (ce qui ne l'empêcherait pas de tomber sous forme d'averses fondantes), avec des maxima avoisinant 5°C en plaine. Mais la nuit, les températures devraient être légèrement négatives et permettraient l'accumulation de la neige (5cm, pourquoi pas...). En haute Belgique, une belle couche de neige pourrait se former.
ECM est beaucoup plus limite pour la neige, avec -7°C à 850 hPa au plus froid de l'épisode (contre -9°C selon GFS). Avec de telles températures, la neige ne pourrait tomber que la nuit, à cette période de l'année (En janvier, cela aurait posé beaucoup moins de problèmes, le soleil réchauffant beaucoup moins l'atmosphère).
Cette masse d'air serait véhiculée par une dépression assez creuse (et au géopotentiel très faible, donc avec une possibilité non négligeable d'averses), apportant sans doute également son lot de vent.

A suivre...

*:Modèle de prévisions américain
**:Modèle de prévisions européen

jeudi 25 mars 2010

Températures presque estivales et premiers orages de la saison 2010

Le printemps continue à marquer son empreinte sur les températures. Aujourd'hui, une poussée d'air chaud en altitude (8°C à 850hPa) et un ciel peu nuageux une bonne partie de la journée ont permis à la température de dépasser 20°C pour la première fois de l'année à Bruxelles (20,5°C à ma station à 12h54). C'est une valeur remarquable, mais loin d'être exceptionnelle: le record de chaleur pour un mois de mars fut mesuré le 29 mars 1968, avec 24,2°C.



[Températures à 850 hPa, à 19h00. Remarquons la poche d'air doux responsable de la douceur de cette journée, se décalant à présent vers l'Allemagne et la Pologne]


Ce matin déjà, la température était remarquablement élevée pour l'époque de l'année. En effet, malgré un ciel dégagé et un vent calme, la température était encore de 13°C. Or nous savons qu'habituellement les nuit clames et dégagées sont particulièrement fraîches. L'explication se trouve probablement dans le fait que le ciel est resté voilé une bonne partie de la nuit, réfléchissant le rayonnement terrestre.

Ensuite, les températures ont commencé à augmenter dès les premières lueurs du jour, pour plafonner autour de 20°C après 12 heures, et jusqu'à 16 heures environ.
En deuxième partie d'après-midi, le ciel s'est peu à peu alourdi de nuages élevés et autres cumulus de beau temps.

La situation synoptique (vent verticaux, indices CAPE et LI favorables) a également permis aux orages de se former sur le nord de la France dans l'après-midi. Le vent soufflant de Sud-Ouest, les premiers orages ont atteint la Belgique en seconde partie d'après-midi, laissant s'échapper quelques gouttes et éclairs. Une autre cellule orageuse, plus active que les précédentes, traverse à l'instant le ciel Belge et sera suivie dans la nuit d'une ligne orageuse assez active qui touchera plutôt la Wallonie, le Luxembourg, l'Est de la France, et l'Eifel.
Cet orage a laissé s'échapper quelques coups de tonnerre, et n'a laissé pas moins de 6 mm de pluie derrière lui.



[Image Radar Meteox, montrant la ligne orageuse]


Ces orages ont fait sensiblement baisser la température. Il fait à présent 11,9°C sur la capitale, et le ciel est très nuageux.



mardi 23 mars 2010

Suivi de la fonte de la neige

Il y a un peu plus d'une semaine, l'enneigement continu quittait déjà nos sommets belges.
Avec la douceur des derniers jours et de ceux qui viennent (on prévoit 20°C à Bruxelles demain), la neige a également quitté les sommets du haut Eifel allemand, et les dernières traces disparaîtront également du massif du Taunus.

Ici, une prise de webcam du grösse Feldberg, sommet du Taunus, culminant à environ 880m. Nous pouvons distinguer quelques dernières traces de neige en avant-plan.




Les vosges s'allègent aussi peu à peu. La limite de l'enneigement continu à l'ombre se situe vers 900-1000m. Sur terrain orienté au sud et parfois sur terrain plat, l'enneigement peut être discontinu jusqu'aux sommets. Les dernières traces disparaissent dès 700m d'altitude. La fermeture des dernières stations ouvertes est annoncée pour le 4 avril, soit 2 à 3 semaines avant la plupart des stations alpines de moyenne-haute altitude.

Ici, une webcam de La Bresse-Hohneck, vers 900m. La neige est encore bien présente, et la couche est même encore assez épaisse à l'ombre. D'autres zones plus exposées au soleil sont déjà dégarnies.


[Cliquer sur l'image pour l'agrandir]

Ici, une vue du sommet du Hohneck (1330m), bel et bien dégarni, sur la face sud-ouest que nous voyons. Nous pouvons cependant remarquer que le sol forestier est beaucoup plus enneigé que les sommets, bien que plus en aval, car protégé des rayons directs du soleil par les maigres branchages de mélèze. Nous pouvons également facilement distinguer les pistes de ski, plus enneigées qu'ailleurs, grâce à l'enneigement artificiel.



Quelques photos des lieux, qui viennent confirmer mes dires.


[Des randonneurs tentent d'escalader des corniques de neige. Celles-ci ne disparaîtront sans doute pas avant la fin du mois d'avril.]




[Cette image illustre bien l'épaisseur qu'il reste encore à l'ombre: plus d'un mètre]


La situation est à peu près similaire dans le massif du Jura, s'il on ajoute 200m aux valeurs données plus haut.

Quelques webcams:



[Lamoura, 1150m]


[Le lac des Rousses (1000m), comme souvent, reste en grande partie gelé quelques semaines après la fonte]

[La Vattay, 1250m]


[Lélex, 1185m]


Les photos des Vosges ont été recueillies sur: http://vosgesfreeride.zeblog.com

samedi 20 mars 2010

Le Royaume-Uni interdit une campagne de sensibilisation au réchauffement climatique

Le gouvernement anglais s'apprêtait (enfin?) à diffuser une campagne de sensibilisation à l'égard du réchauffement climatique et ses conséquences, lorsque, jugée trop alarmiste et ne prenant pas compte des incertitudes des spécialistes, elle fut interdite à la publication par l'ASA (Advertinsing standards Authority).





Premièrement, la société dit avoir interdit la publication de la campagne pour ses propos, qui ne suivent pas les dires des spécialistes. En effet, ceux-ci parlent d'une "grande probabilité" (90%) de voir ce réchauffement (et ses conséquences) se poursuive, mais cette probabilité n'est pas reconduite dans le texte des affiches: l'accroissement en intensité et en nombre des catastrophes naturelles avec le réchauffement y est présentée comme un fait certain.

C'est absurde... Interdit-on les campagnes de sensibilisation contre le tabagisme parce qu'une petite part des gros fumeurs vivent en bon
ne santé jusqu'à plus de 80 ans? De la même façon, interdit-on les campagnes de sensibilisation contre l'alcool au volant, parce que certaines personnes arrivent à relier la boîte de nuit à la maison avec 3 grammes d'alcool par litre de sang? Ce serait totalement insensé.

Ensuite, l'ASA déclare avoir censuré cette campagne pour son "alarmisme", c'est à dire pour l'exagération de son propos et son caractère choquant. Mais n'est-ce pas par l'exagération que les campagnes de prévention parviennent à toucher le public? Les campagnes de prévention contre le tabagisme ont-elles été interdites
à cause des images choquantes qu'elles présentent (poumons imbibés de métaux lourds, cancers du pharynx,...)?
Non... parce qu'il s'agit de prévention.

Or ici, c'est ce que l'on a fait... Pourtant, qu'a-t-on à perde dans la prévention et la lutte contre le réchauffement climatique? La réponse est évidemment: Rien.
Je m'explique.
  1. Si le réchauffement climatique s'avère être une réalité, nous aurons agi de façon à le réduire. Nous en sortirions donc gagnants.
  2. Si le réchauffement s'avère être une utopie, nous aurons de tout de façon fait en sorte que notre air soit moins pourri. Nous en sortirions donc également gagnants, excepté les capitalistes, parce que la lutte contre le réchauffement climatique a évidemment un coût.



Tout cela me porte donc à croire que cette interdiction cache d'autres raisons, plutôt économiques et financières cette fois... Saleté de capitalisme.

Voir les articles de presse en ligne:

- UK: Government rebuked over global warming nursery rhyme adverts
- B: Une affiche sur le climat interdite pour "alarmisme"

vendredi 19 mars 2010

Arctique: Banquise à la fin de l'hiver

Eh oui, l'hiver prend également fin au grand nord. Enfin, "prendre fin", c'est un grand mot car le pôle nord est encore parti pour 3 mois d'hiver avant l'arrivée de l'été et ses 6 mois de jour. Ceci dit, dans l'ensemble, les températures entament déjà leur remontée dans tout l'hémisphère nord.
Et cela se remarque: la surface couverte par la banquise sur l'océan Arctique commence à décliner. Une petite analyse de cartes s'impose.

La première image nous montre l'état de la Banquise en ce 17 mars. Remarquons:
  • la présence non négligeable de glace sur la mer Baltique. Pourquoi est-ce remarquable me direz-vous? Il est en effet tout à fait normal qu'une partie de la mer Baltique soit gelée. Mais la surface de cette banquise contraste avec celle des hivers plutôt doux des dix dernières années, lors desquels la banquise se réduisait à ses plus maigres retranchements sur l'extrême nord de la mer.
  • le manque de banquise dans le golfe du Saint-Laurent (Québec), habituellement en grande partie recouvert de glace, ainsi qu'au sud de la baie d'Hudson, habituellement entièrement englacé. L'hiver fut en effet tout à fait pourri dans ces régions-là. (voir "Hiver très doux et peu enneigé au Canada"





Le graphique suivant nous montre la surface recouverte par la glace sur l'hémisphère nord. Nous pouvons voir que la ligne entame sa descente. Le graphique va certes encore connaître quelques soubresauts dans les prochains jours, mais je ne pense pas que nous dépasserons le maximum, atteint il y a un peu plus d'une semaine.
L'hiver 2010 fut à l'image des précédents, c'est à dire doux. Cette douceur se répercute évidemment sur ce graphique: la surface de la banquise ne fut à aucune reprise supérieure aux moyennes. A ce jour, nous observons un déficit proche de 467.000 km².


Avec la reprise du soleil de ces derniers mois (voir "le soleil reprend du poil de la bête"), un été très doux est à craindre et avec cela, la possibilité de battre le record minimum de couverture estivale, atteint en 2007 (avec un déficit proche de 3.000.000 km²)

Remarque: Le déficit de couverture s'estompe presque entièrement chaque hiver, pour se creuser plus amplement, la saison estivale venue. C'est un facteur récurrent et facile à comprendre: la glace d'été est composée en grande partie de vieille glace (2 à 6 ans), et épaisse de plusieurs mètres, tandis que celle d'hiver n'est présente qu'en hiver et est donc beaucoup plus fine. Cette dernière va donc s'étendre en une fine couche sur une surface très grande, tandis que la glace d'été se creuse de plus en plus chaque été et peine à se reformer en hiver, les rigueurs de l'hiver tempérées par le réchauffement climatique très important dans cette région.

La publicité... et les jeunes?

La révolution industrielle qui eut lieu lors de la seconde partie du dix-neuvième siècle a eu bon nombre de conséquences. Avec elle est née la production à grande échelle et plus tard la société de consommation. Elle fut également le fer de lance de la société occidentale capitaliste dans laquelle nous vivons encore aujourd’hui. Avec cette société, est née la publicité, outil économique par excellence de l’Etat et des sociétés privées.

Aujourd’hui, qui que nous soyons, et où que nous déambulions, nous ne pouvons échapper à la publicité. Force est de constater qu’elle se cache à tous endroits où l’on ne la soupçonne pas. Dans nos boîtes de Kellogg’s, au beau milieu d’un film, au journal télévisé,... elle est partout !

Cette publicité sera le centre de mon exposé. Nous verrons quelles sont les cibles principales de la publicité et je m’aventurerai dans l’explication de ce fait avant tout social. Je me pencherai ensuite sur les différents mécanismes de séduction qu’usent le secteur pour parvenir à stimuler les ventes. Enfin, nous verrons en quoi la publicité peut constituer une menace pour les plus jeunes.


[Pourquoi les jeunes?]


Les agences publicitaires sont aujourd’hui bien conscientes que l’enfant est le principal vecteur de ventes. Et pour cause, ils sont prescripteurs de la plupart des achats d’une famille. En effet, notre société occidentale qui prône le bonheur de tous pousse les parents à être moins stricts envers leurs enfants qu’auparavant. Ils culpabilisent plus vite lorsqu’ils sont mécontents et tendent à succomber à chaque caprice. C’est alors l’occasion pour les organismes publicitaires d’augmenter leurs recettes en influençant non plus les adultes, mais les enfants, ces proies beaucoup plus faciles à asservir et changeant les habitudes des parents par influence. Mais, parce qu’ils ne sont pas encore assez autonomes pour gérer eux-mêmes leurs achats et pour devenir consommateurs actifs, les enfants dans l’ensemble ne font pas la cible la plus rentable que sont les adolescents.

L’adolescent est cette personne bientôt citoyenne responsable. Il sera l’adulte, et par conséquent le consommateur de demain. Donc, en influençant une personne de cette tranche d’âge, ce sont les achats de demain qui sont influencés. Aussi, investir dans la publicité pour les adolescents est très rentable. Par exemple, aux Etats Unis, la chaîne de restaurants « fast food » Mc Donald organise chaque année des journées portes ouvertes pour les jeunes, lors desquelles on leur fait visiter les cuisines et on leur explique comme les aliments sont sains et absolument exempts de germes. Au terme de ces visites, chaque jeune reçoit un burger gratuitement. Ces jeunes dont le sens critique est encore très malléable sont par cela encore très influençables. Aussi garderont-ils un souvenir plaisant de cette visite et iront manger dans de tels restaurants plus volontiers.

L’adolescent est également la personne de la famille la plus susceptible de voir ou d’entendre des annonces publicitaires, que ce soit entre deux émissions télévisées ou radiophoniques, sur des sites internet, ou sur des affiches en rue. A ce titre, les personnes âgées pourraient également faire la cible première des publicités. Seulement, ceux-ci sont considérés beaucoup moins rentables que les jeunes, qui eux font partie de la population "active" (je veux dire "qui achète"), donc économiquement plus intéressante, et susceptible de faire encore ces acheteurs potentiels pour les soixante années à venir.

Le jeune constitue donc la cible la plus facile et la plus intéressante pour le secteur de la publicité qui l’éduque tout au long de son épanouissement à acheter sans cesse des produits dont la plupart ne lui seront sans doute pas nécessaires.

Faisant moi-même encore cet adolescent et, je l’espère, de moins en moins dupe de tout ce qui se trame dans le monde qui m’entoure, j’essaierai d’apprécier, dans la partie de l’exposé qui suit, les mécanismes de plus en plus subtils mis en œuvre par celle-ci pour m’inciter à acheter -en bon citoyen capitaliste que je suis- les produits qu’elle me vante.


[Définition]


La publicité, c’est l’ensemble des moyens de communication mis en œuvre en vue d’influencer une tierce personne dans ses activités quotidiennes dans son propre intérêt, qu’elle en soit consciente ou non, et quels que soient les "dommages collatéraux". Pour parvenir à ses fins, la publicité met à sa disposition plusieurs mécanismes d’influence qui sont les suivants.


[Les mécanismes de la publicité]


Le premier qui me vient à l’esprit est celui qui cherche à faire reconnaître le produit. C’est généralement également le premier qui entre en jeu : les organismes publicitaires vont tout mettre en œuvre pour que le produit concerné soit connu de la population. Ici, le message peut ne pas vanter le produit, mais seulement le nommer. Aussi, si une personne se retrouve devant un rayon avec le choix entre deux produits similaires, il choisira celui dont il a déjà entendu parler, que cette action soit consciente ou pas. Et pour cause, choisir un produit que l’on ne connaît pas, c’est s’exposer à un risque.

Il y a ensuite la recherche l’effet de familiarité, ou dit de « déjà vu », fort similaire mais différent du précédent mécanisme de reconnaissance du produit. Mais ce mécanisme de séduction n’influence que relativement peu les adolescents, parce que l’adolescent n’est pas l’acheteur, mais plutôt celui qui conditionne l’achat. Aussi m’intéresse-t-il moins pour mon exposé, plutôt axé sur l’influence de la publicité sur les cibles faciles que sont les adolescents et les enfants. Mais il me paraît tout de même utile de donner un exemple: l’homme de ménage qui se trouve dans l’obligation de choisir entre deux poudres à lessiver choisira inconsciemment celle qu’il connaît déjà. Ce mécanisme se joue donc devant le rayon.

Le mécanisme suivant est lié avec les deux précédents. Il vise à faire mémoriser le produit et la marque associée par le cerveau humain à l’aide de moyens mnémotechniques. Ainsi, on présentera les produits en parallèle avec un jingle ou une histoire, et à chaque fois que le jingle repassera à la radio ou à la télévision, le cerveau humain refera le lien avec la marque et le produit vanté. De même, les histoires sont très faciles à mémoriser par le cerveau humain. C’est ainsi que les personnes à hautes capacités intellectuelles qui sont capables de retenir des milliers de chiffres à la suite, comme l’explique D. TAMMET dans Je suis né un jour bleu, se les représentent en fait sous la forme d’une histoire, plus facile à mémoriser. Ce caractère peut être extrapolé à toute l’espèce humaine : nous pourrons mieux retenir les péripéties d’un livre de mille pages qu’une suite de chiffres d’une page.

Vous avez sans doute déjà remarqué que les publicités télévisées (et parfois radiophoniques) se présentent sous plusieurs phases : la première, la plus chère pour l’organisme publicitaire et le commanditaire, consiste à diffuser une histoire de plusieurs minutes dans laquelle apparaissent des moments intensifs plus faciles à retenir parce qu’associés à une histoire et à un jingle. Ensuite, lors des diffusions suivantes, seules ces parties intensives faciles à mémoriser vont être gardées, dans un souci de rentabilité. En voyant cette scène frappante, l’auditeur se remémorera l’histoire en entier, et par conséquent de la marque concernée. Cela agira comme un vaccin que l’on nous injecterait à chaque diffusion. Un exemple parmi tant d’autres : la marmotte des barres de chocolat LEO qui passe à la télévision depuis plusieurs années a eu un énorme succès. La publicité mêlait jingle (« Léo-lé-é-é-o ! ») et histoire suivie (la vache et la marmotte qui s’allient pour fabriquer le chocolat, etc.). Aujourd’hui, seules la réplique célèbre et la scène de la marmotte sont encore diffusées, suffisantes pour faire renaître en nous le souvenir de toute l’histoire et le lien avec le produit.

D’autres publicités se présentent même sous forme d’épisodes avec de véritables personnages envers lesquels on peut ressentir un sentiment de sympathie, et par là, une confiance accrue en le produit vanté.

Un autre mécanisme qui favorise la mémorisation consiste à utiliser le rire. Faire rire les gens à la vue d’une affiche ou d’une annonce publicitaire, c’est associer subtilement le produit et la marque au plaisir, donc au bonheur. Or, comme j’en ai parlé dans la précédente dissertation, le bonheur est devenu un véritable devoir de citoyen, dans notre société occidentale. Ici, le secteur publicitaire nous promet donc l’accès au bonheur, à condition de se procurer les produits qu’il nous vante. En plus de cela, stimuler le rire dans une annonce publicitaire contribue à la « connaissance » et la « reconnaissance » du produit. Notre inconscient va en effet plus volontiers retenir un événement lors duquel on a éprouvé du plaisir, parce que celui-ci est conditionné pour se souvenir des événements heureux, pour le bien de la personne qu’il habite, dans un instinct primitif de survie.

Un autre mécanisme est celui de l’attraction de la nouveauté et du haut de gamme. Les grandes marques, comme « Apple », pour ne pas la nommer, cherchent à faire de l’entrée dans le commerce de l’un de leurs produits un réel événement international. Elles créent l’attente et associent des prix prohibitifs aux produits concernés pour faire croire à une exclusivité. Si la stratégie réussit, et ce fut le cas pour l’iPhone d’Apple, cette pratique devient du véritable pain bénit pour le commerçant : le produit peut atteindre un tel seuil de notoriété que les médias commencent à s’y intéresser, parce que la simple action de parler du produit devient elle-même lucrative. C’est ainsi que l’arrivée de l’iPhone d’Apple a fait cet événement médiatique exceptionnel. En effet, la marque avait rempli tous les critères nécessaires à rendre le produit exclusif : prix prohibitifs pour un produit qui proposait plusieurs nouveautés telles que l’écran tactile et l’internet mobile haut débit et dont l’entrée dans le commerce était déjà prévue deux ans auparavant.

Ce mécanisme s’inscrit dans un mécanisme social très simple : dans notre société matérialiste, posséder une nouveauté apporte une reconnaissance sociale. Être le premier à posséder un tel produit fait de vous le centre d’intérêt de tous. Aussi, une personne qui sera une des dernières à ne pas posséder l’objet se sentira obligée de se le procurer par le simple souci conformiste que nous avons de vouloir être comme les autres pour ne nous sentir pas en marge de la société.

Ensuite, les campagnes publicitaires ont pour but parvenir à lancer un phénomène de mode. Pour ce faire, et comme dans le mécanisme expliqué précédemment, il faut le rendre socialement attractif et faire en sorte de donner une position sociale supérieure à celui qui s’est procuré l’objet. En effet, les femmes ont naturellement tendance à aller chercher les hommes de position sociale supérieure à la leur. Ainsi, en se procurant le produit, un homme peut s’offrir un atout social qui attire les femmes et le favorise sexuellement. Ce fait social peut également être constaté dans l’autre sens. La campagne publicitaire pour les chaussures Converse fait un parfait exemple de l’effet de mode : des dizaines de paires de chaussures de cette marque ont été offertes à des grandes célébrités qui se sont affichées en présence de celles-ci lors de grands événements médiatiques (en échange d’argent, certainement). Quelques mois après, la mode des chaussures Converse avait (re)démarré, et aujourd’hui, un adolescent sur deux se promène avec de telles chaussures aux pieds.

Maintenant que nous connaissons les différents mécanismes, tous aussi pervers les uns que les autres, qui ont pour but d’influencer le comportement des enfants en particulier, abordons une question d’éthique : peut-on dire que la publicité violente les enfants ? Je répondrai évidemment par l’affirmative. D’abord, rappelons-nous de la définition de la publicité proposée plus tôt : « ensemble des moyens de communication mis en œuvre en vue d’influencer une tierce personne dans ses activités quotidiennes dans son propre intérêt, qu’elle en soit consciente ou non, et quels que soient les dommages collatéraux ».


[Et les jeunes, dans tout cela?]


Dans le cas des enfants, la publicité fait tout pour que l'enfant associe la marque vantée à un message positif (message subliminal), ou pire, à une envie. Elle enfonce son doigt boudiné dans la tête de l’enfant jusqu’à ce que l’envie de posséder lui soit inculquée, que ce soit dans l’intérêt du bon développement critique de l’enfant, ou non. Ceci, que j’appellerai du « bourrage de crâne », est évidemment mauvais pour l’épanouissement de l’enfant. Les publicitaires se défendront sans doute en disant que les enfants peuvent se rendre compte eux même des travers de la publicité. Mais non ! L’enfant n’en est pas capable, il ne sait pas encore faire la distinction entre ce qui tient de l’information ou de la publicité. Les enfants assimilent tout ce qu’ils voient comme des informations de même valeur. Les publicités vont donc leur donner des idées préconçues et compromettre le développement de leur esprit et de leur sens critique.

En plus de cela, la publicité se base sur le stéréotype. Aussi, l’enfant ne sachant pas qu’il a affaire à des préjugés va assimiler ces stéréotypes comme réalités de la vie : la grosse voiture sera proposée à un homme de même que le bac de bière, parce que « les hommes savent pourquoi », tandis que la femme se verra attribuer la serpillière et la petite voiture, plus pratique pour aller faire les courses. Il est donc paradoxal que de telles absurdités subsistent dans une société où l’on prône l’égalité des sexes, d’autant plus que ce sont ces enfants d’aujourd’hui qui façonneront notre société de demain. Puisqu’ils ne parviennent pas à différencier information et publicité, le simple fait de leur faire voir de telles publicités ne peut que leur inculquer les valeurs discriminatoires que l’on essaie pourtant de proscrire depuis la moitié du siècle dernier.

La publicité est également nocive pour l’enfant par l’opposition des mondes qu’elle présente : celle du monde du moche et du monde du merveilleux. Le monde du moche, c’est celui où le produit vanté n’est pas présent : tout le monde y pue des aisselles, a une mauvaise haleine, a des dents jaunes et va mourir du cholestérol dans le mois qui vient. Dans l’autre, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. On y présente donc le Bien et le Mal et on les associe à des objets. Ceci ne peut que nuire au développement intellectuel de l’enfant.

Malheureusement, comme expliqué plus haut, l’enfant fait cet investissement très rentable à court et long terme et le secteur publicitaire y met énormément d’argent en jeu. Aussi ne peut-on pas se permettre de compter sur les organes publicitaires pour se contrôler eux-mêmes et limiter les publicités destinées aux plus jeunes. En réalité, c’est l’Etat qui devrait, d’après moi, prendre cette responsabilité : de même que pour la censure des films, il devrait assurer le tri entre les publicités destinées aux enfants, à proscrire, et celles destinées au reste de la population, plus alerte.


[Conclusion]


En guise de conclusion, je dirai que la publicité use de moyens extrêmement audacieux qui font intervenir le plus souvent l’inconscient de la population ciblée, pour la pousser à l’achat à son insu. Les jeunes, encore très influençables mais déjà actifs économiquement font la cible parfaite de la publicité, qui peut s’avérer néfaste pour le bon développement psychologique des plus jeunes. Ainsi, la publicité destinée aux plus jeunes doit absolument être à proscrire (comme dans certains pays européens) pour permettre l'épanouissement de leur sens critique. En attendant des mesures, ceux-ci doivent être avertis par leurs parents du caractère pervers de la publicité et éduqués de sorte qu’ils ne tombent pas à leur tour dans la spirale de l’achat.

jeudi 18 mars 2010

Vous avez dit Printemps?

Aujourd'hui, c'était vraiment le printemps, tous les éléments étaient là pour nous le rappeler: soleil, absence de de vent et douceur quasiment estivale jusqu'à 15 heures. Un vrai bonheur. Depuis, le ciel s'est couvert peu à peu, avec l'arrivée de voiles d'altitude de plus en plus épais, mais l'impression printanière reste: 17,7°C à l'instant, alors qu'il faisait 19,1°C en milieu d'après-midi.
Ce matin, quelques cristaux de givre recouvraient cependant encore les toits des voitures. Il faisait 1,4°C, et le rayonnement de cette nuit claire a permis au givre de s'installer (je ne vous ferai pas l'affront d'expliquer ce phénomène physique, très simple). Mais le soleil de mars, très présent en première partie de journée, a vite fait de réchauffer l'air ambiant.
L'amplitude thermique de cette journée se révèle donc très remarquable et s'élève à 17,7°C.

Cette douceur est liée à l'arrivée d'air très doux en altitude, en provenance du Maroc: près de 6°C à 850 hPa (c'est à dire à l'altitude à laquelle la pression atmosphérique vaut 850 hPa, elle varie donc en fonction de la pression atmosphérique et vaut en moyenne 1300m). En sachant que le coefficient de réchauffement adiabatique vaut à peu près 0,9°C par 100m à cette période de l'année, nous pouvons en déduire que la température maximale aurait dû être proche de 17,7°C (décidément, la météo aime ce chiffre). Le soleil brillant à plein régime a réchauffé le sol, et par convection, l'air ambiant et nous a permis d'atteindre près de 19°C.

Les deux images qui suivent nous montrent les températures à 850 hPa de ce Jeudi à 16 heures. La palette des couleurs va du mauve et du bleu au jaune et à l'orange, soit respectivement du plus froid au plus chaud.
Nous pouvons clairement distinguer une langue d'air doux qui s'étend des Pyrénées, jusqu'au nord des Pays-Bas. Elle fait en réalité partie d'une grande masse d'air chaud sur le flanc d'un anticyclone situé sur la méditerranée, et aspirée à l'arrière d'une dépression située à ce jour au large de l'Irlande. C'est cette même dépression qui nous a apporté aujourd'hui ces voiles d'altitude (et nous apportera de la pluie demain dans la matinée).






L'image qui suit nous montre quant à elle les différents centres d'action entrant en jeu: la zone de hautes pressions sur la méditerranée et la petite dépression à l'ouest de l'Irlande (les couleurs n'ont dès lors plus rien à voir avec la température. Il s'agit du géopotentiel).




Une dernière photo des Hautes Fagnes (oui, encore), où quelques traces de neige résistent encore et toujours à l'envahisseur.



[Botrange: 13°C]

mercredi 17 mars 2010

Hautes Fagnes: une saison hivernale... "satisfaisante".

Les douceurs de ce 17 mars (et des prochains jours, si l'on s'en tient aux prévisions) n'oublient aucune partie du territoire belge: même les plus hauts sommets de Belgique ont enregistré en début d'après-midi des températures proches ou supérieures à 10°C: il fait à l'instant 9,9°C au signal de Botrange (sommet de la Belgique, situé à 694m) ou la neige découvre peu à peu le sol.

Le printemps débutant, nous pouvons dès lors tirer des conclusions sur la saison hivernale 2009-2010 qui s'achève dans les Hautes Fagnes (altitude moyenne: 600 à 650 m). L'hiver peut évidemment encore faire des siennes et gratifier une fois de plus cette région d'accumulations de neige importantes (quoique les modèles météorologiques semblent défavorables à de nouvelles accumulations). Si c'est le cas, je mettrai à jour ce message.

L'hiver fut dans l'ensemble froid et très neigeux dans cette région de la Belgique. Avec un enneigement cumulé de plus de 130cm sur la période, cet hiver se place ex-aequo avec l'hiver 2009, très neigeux lui aussi. Le nombre de jours d'enneigement, bien que ne surpassant pas celui de 2009, fut également largement au dessus des normes: 90 jours (dont 77 consécutifs!), pour une moyenne de l'ordre de 43 jours, soit des valeurs parfois observées au Jura situé pourtant à une altitude bien plus élevée.
Les températures furent elles aussi basses, à très basses certains jours (-22°C le 19 décembre, -15 pour maximum diurne le 18). Les quelques périodes de redoux ne furent pas assez intenses pour faire fondre toute la neige. Ce n'est que très rarement que la température avait dépassé 5°C depuis début décembre... jusqu'à aujourd'hui.

Les propriétaires des stations de ski (de fond ou alpin) se disent satisfaits de l'enneigement de cet hiver. Le propriétaire de la station de ski de Botrange a par exemple ouvert presque deux mois, ce qui est tout bonnement inhabituel (surtout avec le réchauffement de ces dernières années)
L'hiver 2009-2010 aura été l'un des plus froids de ces dernières années. L'un des plus longs aussi! En Ardenne et dans les Fagnes, l'enneigement cette saison aura été particulièrement bon et il faut remonter à 1987 pour retrouver d'aussi longues périodes de neige sur les hauteurs. Tout profit pour les professionnels du tourisme.

RTBF Info


Voici les relevés d'épaisseur de neige dans les Hautes Fagnes (estimés) tout au long de cet hiver:

Hiver 2009-2010 (2/12 => ?)


2 décembre : premiers flocons sur les hauteurs, aucune accumulation.

12 décembre : averse de neige le soir, faible accumulation.

13 décembre : gel, averses de neige la nuit et le matin. 2-3cm maximum.

17 décembre : 3cm

20 décembre : Neige modérée pendant plusieurs heures. Vent fort, formation de congères. 24 cm.

21 -> 26 décembre : dégel progressif. 5-12 cm.

27 décembre -> 28 janvier : 5-12 cm => 10-15 cm
28 janvier : Neige. 20 cm.

29 janvier : Neige très abondante: 35cm de neige fraîche. 35-45cm
30 janvier : Averses de neige. Botrange : 40-50cm
31 janvier : Averse. 45-55cm.

2 février : Nouvelle tempête de neige. 50-65cm.
4 février : Doux, fonte et tassement. 45-55cm

6 février : dégel, fonte continue. 30-40cm
7 février : Le gel se réinstalle. 30 à 35cm à Botrange.

10 et 11 février : Neige faible. 35-40cm sur les sommets.
12 février : Averses faibles et vent. 35-40cm. congères: 80-100cm.
13 février : 35-40cm.

15 février : Neige faible continue. 45-50cm

17 février : Pluie. 35-40cm.

20 février : Averses de neige faible. 30-35cm.

21 février : Neige forte dans la nuit. 40-45 cm.

22 février : Forte fonte, pluie. 30-35cm.

24 février : Pluie importante. 10-20cm

25 février : 5-10 cm, fortes disparités entre versants nord et sud.

26 février : Pluie, enneigement partiel. Moins de 5cm

27 février : Traces.

1 mars : Retour de la neige (faible): enneigement éphémère.
3 mars : Traces (averse de neige)
4 mars : De plus en plus frais. Traces

5 mars : Neige faible le matin, modérée le soir. 3-4cm
6 mars : Neige. 15-18 cm.
7 mars : 18-20cm.
8-9 mars : Tassement et fonte versant sud. Environ 15cm.
10 mars : 8-13cm

11 mars : 6-12 cm. Versant sud : enneigement discontinu.

13 mars : Neige faible le matin. 5-10cm.

14 mars : Fonte. 5cm

15 mars : Dégel, neige le matin, après. env. 5cm

16 mars : Dégel total. Traces sous 600m. Enneigement discontinu sur les sommets.
17 mars: Doux. Traces.

18 mars: Traces sur les sommets.

19 mars: dernières traces, sous une douceur remarquable (plus de 14°C)


Bilan:


Enneigement cumulé: env. 135 cm

Enneigement maximal : env. 65cm (congères de 80-100cm)
Jours d’enneigement (traces) : 96 jours (au 19 mars)
Jours d’enneigement (continu-discontinu) : 90 jours
Jours d’enneigement consécutifs :
77 jours


En comparaison, voici les chiffres de l'hiver 2008-2009. Celui-ci se démarque par la longueur totale de son enneigement: 103 jours. Ceci dit, cette valeur est encore atteignable cette saison, si l'hiver s'accroche encore un peu.

Hiver 2008-2009 (21/11 => 29/03)


Enneigement cumulé : env. 130-135 cm
Enneigement maximal : 52 cm
Jours d’enneigement (traces) :
112 jours
Jours d’enneigement (continu-discontinu) : 103 jours

Jours d’enneigement consécutifs : 58 jours


Quelques prises de webcam de cet hiver mémorable:


[Au soir du 2 février, après une forte tempête de neige, l'épaisseur atteint les valeurs les plus importantes de l'hiver: plus de 65cm. Ici, le village de Wirtzfeld, au pied des Hautes Fagnes (580m). Température lors de la prise de vue: -3°C]


[Après une deuxième tempête de neige, le demi-mètre de neige est à nouveau atteint en certains endroits. Voici ce que cela donne sous le soleil. Température lors de la prise de vue: -5°C]


[Mutzenich, un petit village au beau milieu des Hautes Fagnes allemandes. L'image fut capturée au lendemain de la tempête de Février, lors du redoux.]


[Ce même village, deux semaines plus tard.]


[Il ne subsiste de cet enneigement que des larges plaques, en ce 17 mars. Ici, le Centre Nature de Botrange (680m). Température lors de la prise de vue: 9,5°C]



[Pareil à Mützenich: 10°C et les dernières traces qui disparaissent.]

Message édité les 18 et 19 mars.